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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 19:38

Qu’était la compagnie de La Durantaye, citée dans un précédent article, et à laquelle aurait peut-être appartenu un de nos deux ancêtres de Saint Nicolas émigrés au Canada au XVIIe siècle ?
A la demande d’aide des colons de Nouvelle-France qui luttaient contre les Iroquois, le roi de France, Louis XIV, décida d’envoyer un régiment prêter main forte à ces derniers. Au début 1664, 12 compagnies (chacune composée d’un capitaine, d’un enseigne, d’un sergent, trois caporaux, cinq anspessades et 40 soldats) se réunirent à La Rochelle soit :
    -    4 Compagnies du Régiment de Navarre
    -    4 Compagnies du Régiment de Normandie
    -    1 Compagnie du Régiment de Chambellé
    -    1 Compagnie du Régiment d’Orléans
    -    1 Compagnie du Régiment de l’Allier

    -    1 Compagnie du Régiment du Poitou

Tambour militaire   
                  Tambour militaire

 

 

 

 

 

 

                                                                                           

Soldat 1665-1668

                                                  

Gouverneur de la garde

 


Le 26 février 1664, ces compagnies quittèrent le port de La Rochelle à bord de deux navires Le Brézé et Le Terron et voguèrent dans un premier temps vers la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe pour y régler un différent avec les Hollandais.

Le 25 avril 1665, quatre compagnies commandées par Monsieur de Tracy quittèrent la Guadeloupe à bord du Le Brézé pour rejoindre le Régiment de Carignan-Salières (lui même formé de 20 compagnies) à Québec :
    -    La compagnie du Régiment de Chambellé devenant la compagnie La Durantaye (de « Olivier Morel de la Durantaye »)
    -    La compagnie du Régiment d’Orléans devenant la compagnie La Brisardière
    -    La compagnie du Régiment de l’Allier devenant la compagnie Berthier (de « Alexandre Berthier »)
    -    La compagnie du Régiment du Poitou devenant la compagnie Monteil (de « François de Tapie de Monteil ».



Le Brézé, ex-voto visible à l'église ND des Victoires de Québec

 

Le Brézé était un navire de 800 tonneaux, 60 canons, que le capitaine Job Forant emmena jusqu’à Gaspé à l’embouchure du Saint Laurent où il arriva le 19 juin 1665. Son fort tirant d’eau ne l’autorisant pas à remonter le fleuve, les soldats s’embarquèrent sur deux navires plus petits en provenance de La Rochelle Le Cat et Le Vieux Siméon et arrivèrent à Québec le 30 juin.

               Le Rocher Percé annonçait aux marins l'arrivée à l'embouchure du St Laurent

 

Entre juin et septembre 1665, les 1200 soldats et officiers du régiment Carignan et des compagnies sus-nommées implantèrent des forts le long de la rivière Richelieu et vainquirent les indiens en territoire Mohawk. Une paix durable revenue, les soldats furent incités à faire souche dans la colonie. Nombreux furent ceux qui restèrent et prirent femme parmi les filles du Roi notamment (jeunes personnes, parfois orphelines, parfois désargentées, envoyées en Nouvelle-France pour épouser les colons et faire prospérer cette province*).

Ce de Saint Nicolas, soldat de la compagnie de La Durantaye, décédé en 1698 à St Jean de l’Ile d’Orléans est peut-être, ou peut-être pas, frère d’un de nos ancêtres mais il nous aura permis de nous pencher sur ce pan plutôt méconnu de notre histoire…



* Lire à ce sujet l’excellent roman « Marguerite et la Nouvelle-France » de Françoise Pelletier.

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 19:51
En nous penchant sur l’histoire de Michel Marie Le Nouvel, chirurgien à bord de « La Confiance » navire de R. Surcouf, il nous est apparu qu’il serait intéressant de voir ce qu’était réellement la médecine et la chirurgie au XVIIIe siècle sur les navires de la Royale.

Les médecins du service de santé de la marine étaient appelés chirurgiens navigants. A cette époque leur formation et leur recrutement étaient réglementés. C’est en 1722 qu’est créée l’école de Chirurgie et Médecine Navale à Rochefort, enseignant les 3 disciplines, médecine, chirurgie et pharmacie. D’autres écoles ouvriront telle l’Ecole de Santé Maritime de Brest (1737) qui deviendra en 1775 le Collège Royal de Chirurgie de la Marine.

Mais en temps de guerre, les effectifs furent insuffisants et l’on dut recruter des civils. Il y avait donc des chirurgiens « entretenus » et des chirurgiens « de levée ». Il existait différents grades, aide-chirurgien,  chirurgien en second, chirurgien aide-major, chirurgien major. Sur les vaisseaux de guerre, l’équipe médicale était fonction du nombre de canons. Un bateau de 80 canons pouvait embarquer 6 personnes soignantes allant du chirurgien-major à l’apothicaire en passant par les assistants. Seul le chirurgien-major faisait partie de l’état-major, ses assistants étant peu considérés.

A bord, les chirurgiens étaient habituellement logés dans la Sainte-Barbe (où sont aussi entreposées les munitions), avec leurs coffres contenant tout le nécessaire à pratiquer leur art. L’infirmerie se situait dans le faux-pont, au centre du navire dans un lieu appelé « Le Théâtre ».
Avant le départ, et durant la traversée, le rôle du chirurgien était avant tout de s’occuper, avec les officiers, des rations alimentaires, de l’hygiène.

Les rations alimentaires consistaient en biscuits de mer (sous forme de galettes ou de grignon), les viandes (essentiellement des salaisons de bœuf et de porc), les poissons (tels que la morue séchée, cette dernière ayant été à l’origine de bons nombres d’intoxication, elle fut retirée des rations à la fin du XVIIIe siècle). Quant à  la consommation de poisson frais à bord elle était extrêmement rare. On prenait aussi parfois des fromages à pâte cuite. Aussi incroyable que cela paraisse, on embarquait, uniquement à l’usage des officiers, des animaux vivants  tels que bœufs, porcs, moutons, volailles qui étaient parqués dans l’entrepont, au même niveau que les hommes, ce qui n’arrangeait pas les conditions d’hygiène. Et bien sûr, le problème crucial était l’eau…. Stockée sous deux formes, dans un fût (appelé « charnier ») sur le pont à l’avant du bateau, elle était putride au bout de 3 jours et devait être filtrée avec un linge, et l’eau « de fond de cale » la réserve d’eau douce (on trouva un moyen de dessaler l’eau de mer à la fin du siècle). On comprend pourquoi le vin et l’eau de vie étaient servies aux 3 repas… Les conditions à bord des navires étaient telles (humidité, chaleur, rongeurs, parasites etc…) que les denrées alimentaires ne se gardaient pas et qu’il fallait compter sur les escales, quand elles étaient possibles, pour refaire le plein de légumes, fruits, viande fraîche, eau.

Le chirurgien devait aussi veiller à faire nettoyer fréquemment les cales et aérer les entreponts par les sabords et les écoutilles afin d’éviter autant que faire se peut la propagation des maladies.

Les chirurgiens n’embarquaient jamais sans leur « coffre de mer » contenant tout ce qui pouvait être nécessaire à soigner les passagers. Ils constituaient un véritable hôpital de campagne embarqué. Sa contenance étaient vérifiée au départ et l’arrivée. Obligation était faite au chirurgien navigant de tenir quotidiennement un registre des noms des malades, des affections soignées et la dose de remèdes prescrite. Les médicaments étaient issus de l’herboristerie (rhubarbe, salsepareille, alun, quinquina, camomille, graines de moutarde, senné, camphre, benjoin etc…) mais aussi composés tels que des électuaires, des opiats, des poudres et pilules, des sels, des miels et sirops, des huiles, des baumes et onguents, des emplâtres. Le tout contenu dans des pots en terre ou en verre de forme préférentiellement carrée, pour s’adapter au coffre, et résister aux chocs. Et bien entendu, dans ses fameux coffres, il y avait les outils de chirurgie. Les instruments de l’amputation (scie, grand couteau courbe, scalpel), de la trépanation (vilebrequin, trépan, tire-fond, et ganivet lenticulaire pour retirer les esquilles d’os) et divers outils tels bistouris, tire-balle, ciseaux, speculum oris, aiguilles à sutures, trocard-canule etc….

Qu’elles étaient les affections rencontrées sur les navires à cette époque ? Tout dépendait du voyage, de sa durée, des conditions de mer, de l’hygiène à bord, de l’état des hommes à l’embarquement, de l’humanité du capitaine….
Le scorbut est une maladie qui fit des ravages sur les vaisseaux. Elle était due à une carence en vitamine C qui entraînait des lésions bucco-gingivales, des oedèmes et des escarres des membres, des hémorragies, sans parler de l’odeur repoussante des malades. Il faudra attendre la fin du XVIII siècle pour que l’on découvre que cette maladie est due à un déséquilibre alimentaire. La consommation de citrons rendue obligatoire à bord mettra un terme à cette maladie endémique sur les bateaux. Les fièvres sévissaient aussi, due à la malaria (véhiculée par les moustiques vivant dans l’eau croupissante de fond de cale), typhoïde et typhus (appelé fièvre des vaisseaux, due aux poux sur les corps malpropres des matelots) et enfin rougeole, variole, scarlatine etc… Le chirurgien devait aussi intervenir pour soigner les nombreuses diarrhées dues aux dysenteries d’origine alimentaire ou amibienne (avec selles glaireuses, hémorragiques à l’odeur insoutenable). Et bien entendu les maladies vénériennes inhérentes à la vie de matelot.
Quant à la chirurgie, elle s’appliquait dans de nombreux cas. Les accidents n’étaient pas rares (chutes des haubans, traumatismes lors de manœuvres par gros temps, blessures de guerre). Le chirurgien réduisait les fractures avec plus ou moins de bonheur, trépanait des crânes avec un bon taux de réussite, ôtait les projectiles (balles de mousquet etc…) et surtout amputait en cas de grosses blessures avec fracas osseux important. L’intervention se faisait sans anesthésie (sauf pour les officiers qui avaient droit à une médication opiacée) et l’opéré pouvait espérer une cicatrisation après 2 mois, si l’infection ne se propageait pas (la mort était alors inévitable).

Comme on peut le voir, le rôle de chirurgien navigant n’avait rien d’une sinécure et même si les moyens de l’époque nous semblent limités, il avait bien du mérite à soulager la misère des blessés et des malades à bord des navires de cette époque

Réserve de la Marine - Québec
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1 mars 2006 3 01 /03 /mars /2006 16:29
Comme on l’a vu dans un précédent article, les frères de notre ancêtre, Gilles et Philippe de Saint Nicolas émigrèrent au Canada. Qu’est-ce que ce voyage représentait à une époque où beaucoup pensaient encore que la terre était plate, ne risquait-on pas de tomber, arrivé au bord de la « galette » ? Si cela nous fait sourire aujourd’hui, les émigrants de l’époque avaient pourtant des soucis à se faire quant à la traversée, non pas à cause de la « platitude » de la terre mais bel et bien à cause des conditions de voyage.

Les candidats à l’émigration transatlantique partaient de Dieppe, Le Havre, St Malo, Nantes, La Rochelle… la traversée pouvait prendre entre 15 jours et 3 mois en fonction des conditions météorologiques. Malheureusement tous n’arrivaient pas à bon port. Les naufrages ainsi que les maladies à bord étaient monnaie courante, et ceux qui partaient devaient s’attendre à des conditions de vie, voire de survie, terribles. Le confort à bord était on ne peut plus sommaire. Les passagers dormaient la nuit, tout habillés, dans des hamacs suspendus; au sol étaient entreposés leurs biens et quelques meubles. La nuit, personne ne devait se lever. Et si par malheur une tempête survenait, l’eau avait vite fait de s’insinuer à l’intérieur du navire, détrempant tout. Les passagers ne pouvant se laver de tout le voyage (il n’y avait pas, non plus, de toilettes à bord) on imagine tout à fait l’odeur de moisi, de pourriture qui régnait à bord. Au lever du soleil, tout le monde devait être debout et assister à une prière commune. Si le capitaine avait besoin d’aide pour une tâche particulière, il pouvait demander de l’aide à tout un chacun. Quant aux repas, dans le meilleur des cas, il était servi trois fois par jour, sur les vivres embarquées par le commandant. En fait, il fallait souvent économiser la nourriture, la durée du voyage étant incertaine. Les passagers ayant pris soin d’emporter leurs propres provisions (y compris des animaux vivants, poules, canards, cochons que l’on abattait au fur et à mesure des besoins), le problème de l’eau restait le plus gros souci. Elle était sévèrement rationnée. Stockée dans des barriques, elle devenait vite impropre à la consommation. Pour éviter au maximum de boire cette eau croupie et malodorante, vecteur de dysenterie,  les gens, y compris les enfants, buvaient quand c’était possible du vin ou du cidre.

Pointe de la Gaspésie, à l'embouchure du St Laurent, en face l'océan et...
 la France


Au terme d’une terrible traversée, le candidat à l’émigration au Canada, voyait avec soulagement apparaître les côtes de Terre Neuve puis l’embouchure du Saint Laurent. Le navire devait encore effectuer plusieurs jours de navigation pour atteindre Tadoussac, premier port sur la côte nord du Saint Laurent.

Entrée du port de Tadoussac (à côté de l'embouchure du Saguenay)


Maison ancienne restaurée (Tadoussac)

La plupart des bateaux s’y arrêtait et déchargeait là. La navigation sur le fleuve étant délicate, pour rejoindre la ville de Québec (capitale de la colonie), il fallait emprunter de plus petites embarcations. Arrivés au terme de leur traversée, les nouveaux arrivants pouvaient enfin commencer leur nouvelle vie, mais cela est une autre histoire…

Place Royale (vieux Québec)
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2 février 2006 4 02 /02 /février /2006 20:10
Tout d'abord, qu'elle est l'origine du mot "Ecuyer" ? On s'accorde à dire le plus souvent que le terme d'écuyer vient du latin "scutifer" ou "scutarius", c'est à dire "porteur de l'écu". L'écu et les armoiries étant représentatives de la noblesse.

L'écuyer, à l'époque féodale, était un jeune homme, issu de la noblesse, qui se mettait au service d'un chevalier afin "d'apprendre le métier". Il s'entraînait avec lui, lui servait d'assistant lors des joutes ou des batailles, portait ses armes et en prenait soin. Loin d'être une fonction subalterne, le fait d'être écuyer était très valorisant à l'époque de la chevalerie. Un écuyer ayant fait preuve de bravoure au cours d'une bataille pouvait se voir élevé au rang de chevalier. Les 2 titres étaient également enviés et respectés.
 

Puis vint le déclin de la chevalerie au début du XVIe siècle. La fonction d'écuyer sous sa forme initiale perdait sa raison d'être jusqu'à ce qu'un arrêt du parlement en 1554 considère la qualification d'écuyer comme caractéristique de l'état nobiliaire. En 1583, un édit du roi précise que "la qualification d'écuyer est de surcroît subordonnée à la seule noblesse héréditaire, excluant de ses rangs la noblesse acquise dans les fonctions civiles". Puis dans l'édit de janvier 1634 à propos du règlement sur les tailles : "Défendons à tous nos sujets d'usurper le titre de noblesse, prendre la qualité d'écuyer et porter armoiries timbrées, à peine de 2000 livres d'amende, s'ils ne sont de maison et extraction noble." Mais dans la 2e partie du XVII siècle, le titre d'écuyer est distribué sans compter aux bénéficiaires d'emplois et de charges allant des gardes du château aux lieutenants, aux procureurs du roi en passant par les prévosts et baillis de provinces etc... Même si le titre était lié à la charge et sa durée, beaucoup en ont profité pour s'attribuer ainsi un titre nobiliaire. A tel point que louis XIV dut faire la chasse aux faux nobles qui s'étaient par trop mutipliés. A la fin de l'ancien Régime, le titre d'écuyer n'avait plus beaucoup de valeur, car trop vendu par l'état fort désireux de remplir ses caisses.
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